Qu’est-ce que la pédagogie du travail par piste ou par ceinture ?
Un nombre croissant d’enseignants adoptent la pédagogie du travail par piste (ou par ceinture) qui est une déclinaison de la pédagogie différenciée. Le principe est assez simple : tous les élèves ont le même objectif, mais, pour l’atteindre, ils ont le choix entre 3 ou 4 pistes (vert, bleu, rouge ou noire) - comme au ski -, chacune d’entre elles correspondant à un degré d’autonomie ou de difficulté différent. Les aides apportées peuvent être de nature lexicale, méthodologique, etc.
La technique des pistes ou ceintures n’est pas vraiment nouvelle. Fernand Oury [1920-1998], d’abord adepte du Mouvement de l’École moderne de Célestin Freinet [1896-1966] puis cofondateur de la pédagogie institutionnelle, était pédagogue et… judoka. "Enseignant soucieux de permettre à tous ses élèves de profiter des moments scolaires, [F. Oury], qui avait observé la capacité des judokas à coopérer malgré les écarts de niveaux existant dans le groupe, envisagea le transfert de ce qui fonctionnait dans cette pratique sportive aux préoccupations pédagogiques. Une ceinture [devint] ainsi la représentation symbolique d’un niveau de maîtrise correspondant à un ensemble de compétences identifiées", écrit Sylvain Connac dans un article très complet publié sur le site de l’Institut Coopératif de l’École moderne (ICEM 34 / groupe départemental de l’Héraut). Dans la classe de F. Oury, les élèves progressaient ainsi en mathématiques, en grammaire, etc. en suivant des ceintures de couleur : rose, blanche, jaune, orange, verte, bleue, marron et noire. Tel élève était ainsi ‘ceinture verte’ de géométrie, tel autre ‘ceinture bleue’ en conjugaison. Et Sylvain Connac d’ajouter : "Les intentions éducatives d’un emploi de ceintures sont multiples. Il s’agit tout d’abord de permettre à l’enseignant de tenir compte des connaissances initiales mobilisées par les élèves tout en faisant de l’hétérogénéité du groupe un facteur d’apprentissage plus qu’un frein aux évolutions. En d’autres termes, les ceintures tendent à ce que chaque enfant, dans un groupe, puisse être pris en considération quels que soient ses connaissances, ses compétences et son profil d’apprentissage."
Des enseignants du Collège Louis-Philippe d’Eu (Seine-Maritime) recourent à cette méthodologie qu’ils ont formalisée dans un projet "EN PISTES !" lauréat dans la catégorie Éducation à la Citoyenneté et à la Solidarité des Tremplins "Innovons pour l’Education" en 2017. Il s’agit pour eux de responsabiliser et rendre les élèves acteurs de leurs apprentissages par le choix autonome et éclairé de « pistes » de travail qui les amènent à travailler dans un esprit de coopération, de solidarité, d’écoute de soi et des autres :
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Méthodologie du travail "par ceinture" appliquée à l’apprentissage des verbes forts
Dans un article publié en août 2023 sur le site du Café pédagogique, notre collègue Julie Villanueva, professeure d’allemand dans deux petits collèges ruraux de Bourgogne, nous fait part d’un projet ludique appliqué à l’apprentissage des verbes forts et directement inspiré de la méthodologie du travail par ceinture. Pour l’apprentissage des verbes forts, Les élèves disposent d’un support numérique pour s’entraîner, ainsi que de la liste des verbes irréguliers classés par ceinture (en fonction des alternances vocaliques). Ils doivent ensuite passer des ceintures, comme au judo ou au karaté ! Il ont environ 10 minutes, une fois dans la semaine, pour passer une ceinture.
Vous retrouverez dans ce DIGIPAD le descriptif de cette méthode et toutes les ressources téléchargeables nécessaires.