L’Autriche à Paris

Notre collègue Jocelyne Pierre (Lycée Aristide Briand d’Evreux) partage ici avec nous, dans un récit en cinq épisodes, le plaisir qu’elle a eu à se rendre avec ses élèves à diverses manifestations culturelles parisiennes qui mettent actuellement l’Autriche à l’honneur.

L’Autriche à Paris en cinq épisodes

1/ Dessiner la paix

Une quarantaine d’élèves germanistes du lycée Aristide Briand d’Évreux ont visité l’exposition « Dessiner la paix » à l’Ambassade d’Autriche à Paris.

Cette exposition a été créée pour le centenaire de la fin de la Grande Guerre en 1918 et à l’occasion de la Présidence autrichienne du Conseil de l’Union Européenne de cette année.

Les dessins datant de 1899 à 2018 exploitent la caricature, l’allégorie ou la provocation et ils mettent en scène, pendant plus d’un siècle, diverses initiatives pour construire la paix mais ils exposent aussi leurs limites et démontrent ainsi la fragilité de la notion de paix d’hier à aujourd’hui.

L’Ambassadeur Michael Linhart est venu s’entretenir avec les élèves.

2/ Exposition Gustav Klimt

L’Atelier des Lumières a fait vivre aux élèves une expérience novatrice pour appréhender la Sécession Viennoise au cours d’un voyage au cœur des œuvres colorées et lumineuses de Gustav Klimt, mais aussi de ses contemporains et de ceux qu’il a inspirés.

Le programme court projeté à la suite est dédié à un autre artiste illustrant la créativité viennoise : Friedensreich Hundertwasser.

Nous avons eu une occasion inouïe de voir des chefs-d’œuvre dans une nouvelle dimension plus sensorielle car les expositions de l’Atelier reposent sur la projection des œuvres mises en mouvement et en musique sur des surfaces immenses.

3/ Exposition Egon Schiele

La Fondation Vuitton a eu l’idée de réunir dans un même lieu deux génies de l’histoire de l’art : l’Autrichien Egon Schiele (1890-1918) et l’Américain Jean-Michel Basquiat (1960-1988).

Les deux artistes incarnent tous les deux le mythe de l’artiste rebelle et maudit et ils partagent la rage et la volonté de briser les règles académiques et les conventions morales de leur époque.

Les musées autrichiens ont choisi 2018 comme année dédiée à Schiele – centenaire de sa mort oblige – mais nous devons à la Fondation Vuitton de présenter quelques toiles de l’artiste mais surtout une centaine d’oeuvres en papier que nous n’avions encore pour certaines jamais vues.

Egon Schiele possède une virtuosité exceptionnelle du trait pour exposer la nudité crue des corps et les pulsions de désir et de mort et esquisser ainsi une réflexion profonde et angoissante de la nature humaine.

L’affiche de l’exposition rend compte d’une mise en scène où l’artiste se présente comme un dandy séducteur, la tête haute, toisant le monde. Les cheveux ébouriffés, le regard langoureux et les lèvres rouges et pulpeuses. Les mains mises en avant, les doigts raides et écartés comme dans beaucoup de tableaux. S’agit-il d’un symbole, d’un geste de protestation ou d’une angoisse existentielle ? Il semble que l’artiste se moque de sa représentation, que le double l’inspire... pour traduire l’être brisé qu’il est au plus profond de lui-même ? Lorsque nous visitons l’exposition, nous retrouvons le tableau de l’affiche Autoportrait au gilet au motif de paon et lisons le petit commentaire suivant : « Le halo blanc qui encercle la tête confère une tonalité religieuse, l’écartement des doigts rappelant la gestuelle du Christ dans les fresques byzantines que Schiele s’approprie en référence à la promesse de salut de l’art. » La mise en scène de l’artiste reste mystérieuse.

4/ Exposition Franz West

Le Centre Pompidou présente la plus grande rétrospective consacrée à ce jour au travail de Franz West (1947-2012). Après s’être fait connaître dans les années 1980 Franz West est devenu un des acteurs essentiels de la scène artistique de ces cinquante dernières années, « un inventeur et un expérimentateur hors pair, alliant critique sociale et plasticité débridée ».

Christine Marcel, conservatrice générale du Centre Pompidou souligne que « Le défi de l’exposition est d’essayer de montrer la verve unique de West, de rendre justice à un artiste dont certaines sculptures étaient destinées à être manipulées ou d’autres à permettre qu’on s’assoit dessus . Un artiste dont les installations comprenaient des sofas et des divans.

Un artiste enfin qui détruisait ses volumes en papier mâché peint si on les trouvait beaux. La sélection de quelque cent quatre-vingt-dix œuvres, des premiers dessins aux dernières sculptures d’extérieur en aluminium peint dans des couleurs inattendues, vise à donner la représentation la plus exhaustive de son œuvre, tout en respectant son esprit original... »

Je trouve belles les huit sculptures en papier mâché. Ce sont des rochers, des météorites... « Belles ? Quelle horreur ! » aurait dit Franz West qui les aurait sans doute détruites s’il m’avait entendue. Lui le subversif qui voulait remettre en question la notion du beau ...et du laid.

5/ Sigmund Freud : Du regard à l’écoute

Et si vous ne pouvez pas aller maintenant à Paris et visiter toutes ces expositions, je vous conseille la lecture d’un livre de Stefan Zweig qui nous livre un bouleversant témoignage sur la Grande Guerre.